Le lundi 14 avril 2025, tous les membres du gouvernement, femmes et hommes, au sein du CPT et de la Primature, sans compter les ministres racketteurs de tous bords, ont été contraints d’organiser un Conseil des ministres. Ce conseil pourrait être qualifié de conseil de cyniques, dans la mesure où tous les potentats étaient présents, ceux de la Villa d’accueil et de la Primature, sans oublier les différents ministres, secrétaires d’État et directeurs généraux.

Une telle réunion est à ne pas manquer, surtout avec en toile de fond le vote d’un nouveau budget rectificatif. Ce nouveau budget, qui ne durera qu’environ six mois, soit jusqu’à la fin de l’exercice 2024-2025, affirment les pontes du gouvernement, est destiné à lutter contre l’insécurité en combattant les groupes armés. En effet, 37 % du budget est consacré au renforcement des forces de l’ordre, notamment la Police nationale d’Haïti (PNH), les Forces armées haïtiennes (FADH), ainsi que les services de renseignement et les équipements spécialisés, pour n’en citer que quelques-uns. Cela signifie que 37 % des 323 451 millions de gourdes seront déployés sous le faux prétexte d’un budget de guerre.

À la stupéfaction générale, il n’est même pas fait mention de la Brigade spécialisée des aires protégées (BSAP), que l’actuel président du Conseil présidentiel de transition, Fritz Alphonse Jean, vient de réclamer. Cette somme servira-t-elle réellement à rétablir la sécurité publique et à combattre les groupes armés ? C’est la question que beaucoup se posent. Quand on voit les pratiques de ces puissants, on constate qu’ils ne jouent pas avec l’argent. Le fonds de renseignement, divisé par neuf, en dit long sur les capacités de ces neuf voleurs à la tête de la plus haute magistrature de l’État haïtien.

Selon leur déclaration initiale, 47,2 milliards de gourdes seront alloués au ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, Antoine Augustin peut sourire et danser ; 39,2 milliards de gourdes seront versés au ministère de la Justice de Pélissier ; 33,6 milliards aux Interventions publiques et 30 milliards au ministère des Travaux publics, des Transports et des Communications (MTPTC). Le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) recevra 25,6 milliards de gourdes. Le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) aura une allocation de 20,7 milliards de gourdes ; le Parlement qui n’existe même pas a droit à 3,5 milliards de gourdes.

Cet argent ne sera-t-il pas gaspillé, partagé, pire que l’argent des services d’information ? Cette somme n’est-elle pas débloquée pour que ces femmes et ces hommes puissent bien vivre non pas après avoir servi l’État mais bien après l’avoir largement dépouillé à leur propre avantage ?